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Diffuser ailleurs pour etre vu ici

 

Mon travail commence toujours par cette question que l'on me pose : "Qu'est-ce que tu fais dans la vie ?"... une phrase peut-être banale, mais qui devient vite le moteur de mon oeuvre.
Ovalprojet, comme son nom l’indique, est une expérience qui me permet de travailler avec les gens du quartier du Val Fourré et non sur eux. C’est une période très importante dans mon travail où je me pose beaucoup de questions, sur ce que je prends et ce que je suis vraiment capable de donner.

Ils rêvent tous d'un ailleurs
Dés les trois premiers mois passés dans le quartier, j’ai été frappé par la conscience que les gens ont de leurs images et celle de leur quartier. Le Val Fourré souffre d’une image négative, d’une surmédiatisation depuis les tristes événements de 1991. Un nom, un lieu qui suscite la peur dans l’inconscient collectif. Les clichés, les préjugés tenaces qui pèsent et qui occultent la réalité de la vie quotidienne de ce quartier.
Les gens ici rêvent tous d’un ailleurs, leur pays d’origine pour certains, la ville pour d’autres. Cette idée qu’ici on est seulement de passage, dans l’attente de quelque chose de meilleur. Je voulais aussi comprendre le mal de vie qu’on peut sentir dans ce quartier, que j’associe tout simplement à une gare, un aéroport, une salle d’attente. La plupart n’ont qu’un seul rêve "partir" ici c’est l’échec, on ne peut pas débarquer ici, si on a réussi sa vie ailleurs. Cette situation me rappelle beaucoup la situation des jeunes Marocains qu’on appelle harraga qui veut dire les "brûleurs", tous rêvent de partir.

L'immigré n'a pas d'image

La question de l’image du quartier constitue le point central d’Ovalprojet. Pourquoi cette image est-elle forcément restrictive, marquée par des clichés médiatiques et culturels ?
En effet, le quartier est souvent montré à la télévision pour illustrer des sujets sur la violence, l’insécurité, la délinquance... Face à ce traitement télévisuel, les habitants se sentent d’une certaine manière trahis car ils ressentent intimement et dans leur vie quotidienne les conséquences indirectes de ce traitement médiatique. Ils ne se reconnaissent pas dans cette télévision. Beaucoup se tournent alors vers les chaînes de leur pays d’origine et des pays culturellement proches qu’ils captent via les paraboles. Mais là aussi, ils ne se retrouvent pas dans ces télés qui ne traitent pas non plus de leur situation d’immigré. En fait, je pense que l’immigré n’a pas d’image. Ni la perception médiatique du pays d’accueil ni celle du pays d’origine ne le représente réellement.

Placer le quartier au centre du monde

Le quartier n’est pas un pays ni une ville, le quartier ne peut être qu’un projet. Ainsi, cette idée du projet pousse à la construction et non au contraire.
Envisager ce quartier comme une plate-forme de création consiste à le placer au centre du monde pour en faire le point de rencontre entre les 96 nationalités qui le peuplent. Cela permet ainsi d’ouvrir le local vers l’international.

Diffuser là-bas pour être vu ici
L’objectif ici est la création et la diffusion des images, faire partie de cette boucle qui relie la parabole à la télévision du pays d’origine. Diffuser là-bas pour être vu ici. C’est une tentative de concevoir un système d'images qui circulent, des images destinées à la communauté des immigrés installés en Europe ou ailleurs et qui par le biais des paraboles reçoit les images en provenance de leurs propre pays. Cela permet d’expérimenter et d’explorer de nombreuses problématiques, dons la notion de l’exil, de la relation de l’individu et du groupe, de "l’image de l’immigré" ainsi que "l’image immigrée".

 

 

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© Mounir FATMI
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