Une ville en soi Le quartier du Val Fourré est souvent comparé à une ville. Il a été construit entre 1963 et 1977 sur un terrain d’environ 130 hectares situé à l’extrême de Mantes la Jolie selon la procédure de la ZUP. Ce quartier a effectivement été conçu comme une ville en soi. Ce qui se justifie compte tenu de sa taille : 8 000 logements. En 1999, 24 000 personnes y habitaient. Le quartier a ses commerces, son marché, ses écoles, son hôpital, sa mairie, ses équipements sportifs, sa piscine, son théâtre, son cinéma. Les grandes administrations de la ville de Mantes la Jolie y sont installées. Ainsi l’hôtel des impôts et la caisse d’allocations familiales y sont basés. Le Val Fourré, un territoire à part Mais surtout le Val Fourré constitue un territoire à part de la ville de Mantes. Il est en rupture totale avec l’environnement urbain mantais. Tout le long du boulevard du maréchal juin, les architectures forment une certaine continuité. Arrivé au rond point, la cassure est très nette du point de vue du paysage. Les bâtiments s’imposent par leur masse, par leur hauteur, par leurs nombres, par le dépouillement de leurs façades. L’espace du paysage est bouché. Les bords de la Seine si agréables sont évincés, cachés par l’architecture. À l’intérieur du quartier, on ne devine même pas la présence du fleuve et de ses richesses naturelles. La barre ou la tour comme norme du quartier Hormis le paysage si l’on considère la forme même de l’habitat, on constate que celui-ci est standardisé et collectif alors que dans le mantois les habitations sont plutôt de type pavillonnaire. L’ensemble immobilier collectif est en effet la norme du quartier, la barre ou la tour ne constituant que des variantes. Il s’agit de boîtes à habiter standardisées qui ont permis de réduire considérablement les coûts de construction. Penser le quartier comme projet Le malaise senti dans ce lieu vient de ce que nous ne sommes pas, en fait, dans une vraie ville. À partir de ce constat que pouvons-nous faire ? Nous n’allons pas nous substituer aux sociologues, ni aux urbanistes, ni aux politiciens... C’est sur le mode de l’expérimentation artistique que nous voulons travailler, considérer ce territoire comme un ”laboratoire”, un lieu d’échanges et de recherches. Penser le quartier comme projet, adopter un point de vue différent pour que ses incohérences, ses difficultés ne soient pas simplement des obstacles mais des moteurs pour le passage à la création. Ainsi l’idée du projet pousse à la construction et non au contraire. Définir le quartier comme une plate-forme de création consiste à en faire le point de rencontre entre ses différentes composantes, et peut-être lui permettre de s’ouvrir vers le monde.
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