J’ai rencontré Mounir Fatmi pour la première fois en 1999, pendant la manifestation "le temps du Maroc en France". Préparant plusieurs expositions, Couvent des Cordeliers, musée des arts décoratifs, cité internationale des arts, il cherchait un lieu où monter sa vidéo "les autres c’est les autres", ainsi que les images de ses installations.
Ce fut l’occasion de sa première rencontre avec le centre culturel le Chaplin et avec les habitants de Mantes la Jolie. Dans les mois qui suivirent, deux autres vidéos prirent corps au studio de montage du Chaplin en même temps que se faisait jour l’idée de l’accueillir plus longuement, à Mantes la Jolie, mais cette fois-ci pour une résidence.

Progressivement Mounir Fatmi s’est mis à habiter Mantes la Jolie au sens où il s’est mis à prendre en compte ce territoire, à le questionner, à dévoiler ses codes, à écouter les personnes qu’il a croisées pour nourrir ses questionnements.
Toujours dans sa démarche s’impose l’exigence, la qualité des formes et des relations, l’équilibre entre ce qui est pris et ce qui est offert.

Aujourd’hui, ce qu’il amène avec Ovalprojet c’est la capacité de l’œuvre et de l’artiste à bouleverser l’ordre établi des schémas et des représentations qui collent tragiquement à une ville comme Mantes la Jolie. Porteur d’un projet, d’une esthétique, d’une expérience Mounir Fatmi peut alors investir un territoire comme celui du Val fourré sans se perdre et sans duper les personnes qu’il côtoie. Ce qui le fonde c’est son regard sur le monde, la force de son projet et l’exigence qui le sous-tend. Aucun risque alors de confusion.

En choisissant le quartier du Val fourré comme plate-forme de création, Mounir Fatmi ne déplace pas son centre de gravité, au contraire, c’est celui du territoire qu’il a choisi qui progressivement se déplace, se transforme, se révèle à lui-même. Commence alors le véritable travail sur l’image. Celui de la réparation et de la ré-inscription de ce territoire et de ceux qui y vivent dans le monde et dans le lieu possible de la création artistique.

François Girard, directeur du centre culturel le Chaplin
Mantes la Jolie, avril 2002