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Ovalprojet : une residence artistique du videaste Mounir Fatmi au Centre culturel le Chaplin |
En 2001, le Chaplin a abrité les recherches de Mounir Fatmi dans le cadre du projet “Menu Phone”.
Explorer les rapports entre l’individu et le groupe, poser les questions de l’image, des représentations de l’image de l’autre, celle de l’immigré, celle de l’image immigrée, confronter les personnes à ces questions, leur demander de participer à ce décryptage. C’est le sens du nouveau chantier entrepris par le vidéaste marocain accueilli en résidence au centre culturel Le Chaplin depuis 1999.
Le montage de son film “Les autres, c’est les autres” fut l’occasion, en 1999, de sa première rencontre avec le centre culturel le Chaplin et avec les habitants de Mantes. Dans les mois qui suivirent deux autres vidéos prirent corps au studio de montage du Chaplin en même temps que se faisait jour l’idée de l’accueillir plus longuement à Mantes pour une résidence cette fois.
“Lorsque j’ai tourné à Paris la vidéo “Les autres, c’est les autres”, en 1999, le montage et la post-production se sont effectués au Centre culturel Le Chaplin. Faute de moyens, le directeur du centre m’avait proposé d’être hébergé dans une famille marocaine qui habite le quartier du Val-Fourré. Lors de mon séjour, on y regardait souvent la télévision marocaine. J’ai vite compris qu’il y avait un lien de cette communauté avec la télévision du pays, par le biais de laquelle on garde un contact avec la langue, la culture, la religion et les traditions. Ce qui m’a beaucoup amusé, c’est qu’inversement, au Maroc, je me servais de la parabole pour regarder les télévisions étrangères...”. “De là est née l’idée d’ “Oval Projet””, explique Mounir Fatmi. L’idée est de concevoir un système d’images tournées en France et au Maroc, et qui circulent et fassent “la boucle”. Les documents sont tournés dans la perspective d’une diffusion sur les télévisions internationales, un des projets de Mounir Fatmi est aussi de filmer les médias qui viennent périodiquement tourner à Mantes-la-Jolie. L’enjeu de ce travail étant aussi “la question télévisuelle”.
En janvier 2002, Michel Cohen-Hadria rencontre Mounir Fatmi et réalise une interview, liée à l’exposition des travaux de l’artiste à Mantes-la-Jolie un an plus tôt, et dans la perspective d’Ovalprojet. Destiné, en partie, à la population immigrée du Val-fourré, Oval Projet présente une “pédagogie libre”, où le concept artistique axé sur la communication se tourne vers les enjeux de nos sociétés exposées aux pouvoirs.
Le catalogue coédité par le Chaplin, présentant “Oval Projet”, et disponible au Chaplin, n’est pas censé se limiter à l’exposition des travaux de Mounir Fatmi, ni exclusivement réservé au milieu de l’art. L’artiste l’a souhaité destiné en priorité à la population du quartier du Val-fourré, afin de mieux leur expliquer une démarche artistique. Le recueil présente aussi une série de photographies illustrant le travail de Mounir Fatmi... il y évoque la capacité de son œuvre à “bouleverser l’ordre établi des schémas et des représentations qui collent tragiquement à une ville comme Mantes-la-Jolie”.
“Menu phone” en 2001
Pour rappel, au Val-Fourré en 2001, l’espace multimédia du Chaplin a abrité ses recherches, dans le cadre du projet “Menuphone”. “Le travail de Mounir Fatmi est tendu entre deux pôles...”, explique Michèle Cohen-Hadria (après un entretien avec l’artiste), “... celui d’une pédagogie libre proposée aux habitants et celui de la création personnelle de l’artiste nourrie de ces relations”. Le vidéaste marocain avait déjà monté trois films au Chaplin. L’an passé le projet vidéo sur internet intitulé “Menuphone” était axé sur les liens entre “nourriture” et “communication”. Original, surprenant et non dénué de symbolique...
Progressivement, Mounir Fatmi s’est mis à habiter Mantes-la-Jolie, c’est-à-dire à pleinement prendre en compte son territoire, à le questionner, à dévoiler ses codes.
Frédéric Antoine, Le Courrier de Mantes, Publié le 19 juin 2002
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