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Mounir Fatmi tend un miroir au Val Fourre

 
Derniers jours au Chaplin pour approcher le travail artistique de Mounir Fatmi, en résidence depuis deux ans au Val Fourré. Captivant.

Mounir Fatmi a une voix douce, calme, posée, à l'opposé des images du Val Fourré qu'il veut combattre. L'artiste, e, résidence au Chaplin, expose jusqu'au 30 décembre, le fruit d'un travail de deux ans dans le quartier.
"L'image dans la tête", est celle que les médias ont répandu allégrement, depuis 10 ans , sur les ondes. Lors de précédents ateliers autour de son projet, Mounir s'est adressée à des enfants : "Si je vous dis Val Fourré, quels mots vous viennent à l'esprit ?"
Les réponses ne sont pas surprenantes : "Voitures brûlées, béton qui s'effrite, bandes de jeunes, trafic de drogue, détresse". Mais quelques-unes sortent du lot, évoquent "mon quartier, mon enfance, mon bus".

Quatre-vingt-seize nationalités
Car "L'image dans la tête" est aussi celle enfouie dans l'inconscient collectif et qui colle le plus à la réalité.
En utilisant toutes les ressources de l'image (vidéos, dessins, photos), Mounir Fatmi bouscule les clichés. Comme ceux qui, par exemple, font s'entasser des dizaines de personnes sur des embarcations sommaires pour joindre l'Espagne et que l'on devine sur l'un des éléments de l'exposition, derrière un amas de bouées de sauvetage. Au Val Fourré, depuis 1999, il a découvert vingt-seize nationalités dont des Turcs, des Algériens, des Hindous.
Et plusieurs centaines de paraboles braquées sur les télévisions du Maghreb, d'Afrique ou du Moyen-Orient. "Les habitants n'ont plus confiance dans la télévision française", explique-t-il. D'où l'idée d'aller avec une caméra à la rencontre de différentes communautés.
Les images sont ensuite diffusées sur les télévisions de leur pays d'origine. Un circuit d'images, comme une boucle, pour remettre quelques idées en place, en accord avec la logique du projet : "diffuser ailleurs pour être vu ici."
Début décembre, un groupe d'étudiants en DESS de la Sorbonne a fait le déplacement jusqu'à Mantes-la-Jolie pour en être convaincu. Leur spécialité : les échanges interculturels.
Devant l'esquisse d'une voiture calcinée sur fond jaune, Mounir raconte que "les Marocains ne conçoivent pas que l'on puisse brûler des voitures. Là-bas c'est un grand luxe ! Ils sont déjà en train de changer leur image de la France."


- Thomas Schwob, "Mounir Fatmi tend un miroir au Val Fourré", Mantes-Poissy, 26 décembre 2002
 

 

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© Mounir FATMI
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