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Le Val Fourre un projet en lui-meme

 

Au départ, son projet artistique intitulé “Val Fourré” avait été pris comme une “récupération” d’une image et d’une renommée d’un quartier sensible de banlieue à des fins artistiques qui ont pu apparaître obscures aux habitants.

A la question souvent posée, “qu’est-ce que tu viens faire chez nous ?”, l’artiste s’explique devant Michèle Cohen-Hadria : “les habitants du Val-fourré ont été très attentifs à mon statut... je me suis totalement immergé dans le quartier, j’y ai loué un appartement. Tout cela a créé une série de questions qui convergeaint autour de ma présence autour d’eux. Je n’ai jamais prononcé le mot “artiste”. C’est finalement très péjoratif de dire “je suis artiste”.

Entre journalisme, anthropologie et sociologie, Mounir Fatmi a eu l’occasion de décortiquer les liens qu’entretient la population immigrée résidante avec le quartier. Il décrit aussi le Val-Fourré comme “une gare”, “un aéroport”, “une salle d’attente”.

La métaphore de la fumée
“La plupart des habitants n’ont qu’un seul rêve, partir. Ici c’est l’échec, on ne peut pas débarquer ici, si on a réussi sa vie ailleurs. Cette situation me rappelle beaucoup la situation des jeunes Marocains qu’on appelle “harraga” qui veut dire les “brûleurs”, tous rêvent de “partir”. Parfois, j’ai l’impression que Mantes-la-Jolie n’est qu’un projet.”

“Le mot même “Val-Fourré” dit tout,
poursuit Mounir Fatmi, c’est terrible de voir comment l’architecture écrase les gens et les met en boîte (...)” “Les jeunes du Val-Fourré sont un groupe dont personne ne prend en charge les actes quand ils disjonctent... (A propos des incendies de voitures) J’interprète ces actes comme un moyen de communication et ça m’a conduit à la métaphore des Indiens d’Amérique. Un signal de fumée transmettait un message chez les Indiens. Lorsque je vois à Mantes-la-Jolie la fumée qui monte dans le ciel, je me dis “il y a des gens qui souffrent”. C’est extraordinaire que des gens qui vivent dans un monde de communication sophistiquée, internet, portables etc., nous envoient encore des messages avec du feu et de la fumée ! Et qu’ils soient obligés de brûler des voitures pour dire : “Il y a vraiment quelque chose qui ne va pas dans votre système.”

Frédéric Antoine, Le Courrier de Mantes, Publié le 19 juin 2002

 

 

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© Mounir FATMI
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