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Il y a 50 ans, l’histoire de la ville de Mantes-la-Jolie bascule : le 3 août 1959, un arrêté du Ministre de la Construction signe l’acte de naissance de la ZUP du Val Fourré. Quinze ans se sont écoulés depuis la destruction des quartiers ravagés par les bombardements de mai et juin 1944 ; la reconstruction est achevée, mais elle n’a pas pour autant réduit la demande de logements qu’entraîne le mouvement des naissances – le fameux baby boom – et le développement des emplois industriels de cette partie du Val de Seine ; 3 000 foyers sont inscrits en mairie sur des listes d’attente. La croissance démographique est forte, à laquelle s’ajoute la venue des rapatriés d’Algérie : la population passe de 15 000 habitants en 1954 à 26 000 en 1962.

Dès 1953, la ville de Mantes avait décidé de poursuivre son développement vers l’ouest, au-delà de Gassicourt, une commune absorbée en 1930 ; mais il faut attendre le 8 septembre 1959 pour que soit créé le dispositif nécessaire pour passer à l’acte : la Société d’Équipement de la Région de Mantes-la-Jolie (SERM), une société d’économie mixte, chargée d’étudier et de réaliser les infrastructures, les ensembles de logements, les équipements sociaux, commerciaux et de loisir. C’est aussi la SERM qui organise sur les communes de Limay, de Porcheville et de Buchelay, les zones industrielles à venir.

Pour le Val Fourré, l’architecte Raymond Lopez produit le plan d’urbanisme et les programmes des équipements ; il connaît bien la ville et ses besoins, puisqu’il était associé à Raymond Gravereaux, architecte en chef, pour la reconstruction du centre ville détruit ; il a été l’architecte du nouvel Hôtel de Ville. Pour le Val Fourré, il est assisté par l’architecte Henri Longepierre, qui poursuit le projet après le décès de Lopez en 1966.

Le contexte dans la région parisienne est la croissance industrielle et la modernisation, mais aussi une grave pénurie de logements. Les gouvernements sont tenus dans ces conditions de conduire une politique de construction ; ils enchaînent les dispositifs successifs pour répondre au scandale des mal logés, dénoncé par l’abbé Pierre en février 1954 : l’échec des cités d’urgence en 1954 et 1955, des « taudis neufs » construits par l’État, amène celui-ci à privilégier des ensembles de logements (les « opérations Million » en 1955), et à mettre en place un système de construction subventionnée (LOGÉCOS). L’effort national pour le logement locatif s’affirme avec la loi cadre du 7 août 1957, qui favorise « la construction de logements et d’équipements collectifs », et qui prévoit la construction de 300 000 logements par an.

À la suite de l’expérience des premiers grands ensembles, où le logement précédait les équipements, comme à Sarcelles (1955-1975), et à partir de 1958, l’administration n’autorise pas de grandes opérations en dehors de la procédure administrative des « Zones à Urbaniser en Priorité» (ZUP), qui devient la règle en France entre 1959 et 1967. Est remarquable la continuité de l’action de l’État entre la fin de la IVe République et le début de la Ve République, dans le choix d’ensembles organisés de logements collectifs, et dans la hantise de ne pas reproduire la banlieue médiocre de l’entre-deux-guerres, dévoreuse d’espaces et d’ambitions.

Avec ses tours et ses barres, le projet du Val Fourré est tout à fait typique de la formule du moment, qui autorise et généralise par la construction bon marché un niveau de confort dans l’appartement bien supérieur à celui des années précédentes. Les équipements sont substantiels : une chaufferie, un centre commercial, une maison des jeunes, des équipements sportifs (deux gymnases, une piscine couverte, une patinoire), des écoles (dont la remarquable école Rousseau- Colette construite sur les plans de l’architecte Longepierre). La population du quartier atteint 25 000 habitants dans les années 1970.

Le Val Fourré dispose à son origine de beaux atouts : son environnement est exceptionnel, avec à l’ouest la forêt de Rosny et au nord la rive gauche de la Seine, avec les plans d’eau de ses ballastières à équiper (elles seront à l’origine du stade nautique actuel), des infrastructures importantes, un équipement routier existant (la N13), une voie ferrée à proximité (un projet de gare de desserte a été envisagé), et une réserve foncière à l’ouest, disponible pour l’implantation du nouvel hôpital et, à venir, pour la ZAC Sully et pour l’éco-quartier en projet. Par ailleurs, la construction du lycée Saint-Exupéry (mis en service en 1959), qui remplace le petit et désuet collège de Mantes, a précédé, à la charnière de Gassicourt et de la ZUP, la création du nouveau quartier. Le lycée et l’hôpital sont, notons-le, et ce n’est pas le cas dans toutes les ZUP, des équipements fréquentés par les habitants de toute l’agglomération, soit 100 000 habitants ; ce qui corrige le diagnostic de « quartier enclavé », fréquemment mentionné.

Les premières années apportent satisfaction aux nouveaux habitants du Val Fourré, qui apprécient le confort des appartements et la commodité d’espaces publics généreux. Ensuite débute la dérive de l’usage, sous le poids d’une mixité sociale défaillante, des blocages d’une gestion imprévoyante des espaces libres, des déboires en chaîne des commerces (l’actuel secteur Mantes 2 de la dalle). Prévu pour un public régional, le centre commercial est confronté à la concurrence de l’implantation d’une grande surface sur la commune de Buchelay ; il périclite et ferme. En 1991, c’est la crise, qui se poursuit par la faillite de plusieurs co-propriétés. Pauvreté et chômage : pour en éviter les effets, débute en 1992 une dédensification du quartier et l’inscription de celui-ci dans des programmes de Politique de la Ville.

Ensuite, en 1995, le projet Mantes en Yvelines a transformé le territoire du Mantois. Au total, cet effort massif aboutit à la démolition de 13 tours et de plusieurs barres soit 2 000 logements, mais surtout, il aura un impact positif direct sur la qualité et le cadre de vie des habitants. Commence alors l’application au Val Fourré de toute la panoplie des mesures qu’appliquent dans cette période les villes et l’État aux sites en difficulté : réhabilitation de l’habitat, aide à la création d’emplois, zone franche, addition de nouveaux services publics. La création du nouveau centre hospitalier et la construction du Pôle aquatique sont les opérations emblématiques de cette nouvelle phase. L’histoire urbaine de Mantes cherche aujourd’hui un nouveau souffle dans le projet de Seine-Aval, piloté par l’EPAMSA (Établissement Public d’Aménagement du Mantois Seine Aval) qui lui apporte, depuis 2006, la dimension d’un plus vaste territoire. Un territoire qui se prolongera, dès 2012, à l’ouest par la construction d’un éco-quartier innovant.

Gérard Monnier

 

 

 

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© Mounir FATMI
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