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"L'image dans la tete" de Mounir Fatmi

 

Né en 1970 à Tanger, Mounir Fatmi vit et travaille entre Mantes, Paris et Tanger.

Jusqu’au 30 décembre, Mounir Fatmi expose son quartier au Chaplin. Chambres à air à la dérive, fresques sur feuilles volantes, ce plasticien de l’éphémère traque des images du Val fourré jusque dans la tête des Mantais. Une exposition à regarder, à lire et à méditer.

L’image qui trotte dans la tête de Mounir Fatmi, c’est l’image du quartier. Celui des Aviateurs, où le plasticien a élu domicile voilà deux ans. Celui du Val Fourré que les gens qu’il a interrogés associent avec les mots “concentration”, “voiture brûlées”, mosquée”, gâteau arabe” ou “prison”…

“Pour moi, Mantes-la-Jolie n’est pas une ville, c’est un projet, avance Mounir. Si je dis que c’est une ville, on a envie de la détruire, car architecturalement, elle n’est pas faite pour les humains. Si je dis que c’est un projet, on a envie de la transformer, la construire, et c’est positif.” Une exposition en travaux sur le sujet de la ville projet, Mounir Fatmi a trouvé le ton juste pour parler de Mantes.

Au sous-sol du Chaplin, le plasticien a ménagé plusieurs espaces qui juxtaposent divers points de vue sur la ville, la religion musulmane, la question de l’émigration. Il y a les acryliques sur toile du peintre mantais Clay Apenouvon : couleurs chaudes, rondeur des corps sans vie enchevêtrés dans la fosse commune de la série “Ethnie d’agonie”. Le tapis de La Mecque rouge et or, “un symbole de voyage dans l’esprit de ma mère, explique Mounir, et une belle image de l’Islam que l’on réduit trop souvent au fanatisme et à l’intégrisme”.

Il y a une grande fresque noire sur fond jaune, représentant une voiture calcinée : “un vrai message lancé aux pères venus construire des voitures ici à partir des années cinquante, commente Mounir. La génération actuelle brûle et démonte l’objet même qui a poussé les pères à s’exiler.”

Un peu plus loin, à terre, des chambres à air en pile et au mur, la photo floue d’une petite embarcation surchargée sur laquelle des Africains tentent de passer en Espagne.

“Diffuser ailleurs pour être vu ici”
Au centre de l’exposition, les vidéos d’Ovalprojet. O comme symbole des antennes paraboliques que l’on voit fleurir à tous les balcons, val comme le quartier.

“L’idée est de demander aux habitants de réaliser des images sur le quartier, explique Mounir Fatmi, puis de les diffuser sur les chaînes de leurs pays d’origine.”

Diffuser dans le monde pour être vu à Mantes, l’idée peut sembler paradoxale mais trouve son sens quand le plasticien rappelle que 96 communautés différentes sont représentées dans la ville. “Les immigrés n’ont plus confiance en la télévision française, ajoute-t-il, ils se sentent trahis.”

Mounir a déjà réalisé trois vidéos disponibles au Chaplin : “Les autres c’est les autres” (1999), “Immatériel” (2000) et “Ressemblances” (2001).

Exposition “L’image dans la tête” de Mounir Fatmi, jusqu’au 30 décembre au centre culturel Le Chaplin. Ouverture du lundi au vendredi de 10 h à 12 h et de 14 h à 17 h, le samedi de 14 h à 18 h et le dimanche de 14 h 30 à 17 h 30. Entrée libre.

Isabelle Cziffra, Le Courrier de Mantes, Publié le 18 décembre 2002

 

 

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© Mounir FATMI
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